L’Hippocampe
C’est l’heure de savoir si le travail a payé ! L’année passée, Patchwork remportait le premier prix du PIJA (Prix Interrégional Jeunes Auteurs) avec trois autres candidats à égalité. Cette fois-ci, l’Hippocampe est ex-æquo en deuxième place avec un autre texte.
Ce texte a été très lent à écrire – trois mois pour trois mille mots, deux ans si on compte depuis le moment où j’en ai eu l’idée. Une grande partie a été tapée au son des répétitions de contrebasse ou de harpe, certaines phrases griffonnées sur un piano. Il ne s’agit pourtant pas de musique: souvenirs, alcool et bingo sont au centre de la nouvelle.
L’Hippocampe
Vous le voulez dilué dans la mélancolie ? C’est moitié prix pendant l’happy hour. Non, on le prendra en shot, pur.
Le souvenir dégouline précipitamment dans la gorge, il a le goût amer des larmes. Ne pas mélanger les différents souvenirs ; ce soir on demeure dans le deuil.
La poitrine pointue de Jenny fait des mollesses par-dessus le bar. La rumeur court parmi les clients de L’Hippocampe que Jenny a tout vendu. Elle venait pourtant d’une famille favorisée, mais, par chance, son père avait la main légère quand elle n’apportait pas la bière assez vite. La faveur là-dedans c’est son petit traumatisme enfantin savamment cultivé. Jenny a pu revendre ses heures de désespoir à prix d’or parce que c’était la basse saison des tristesses. On connaît bien pourtant le risque à distiller autant de souvenirs si vite et Jenny a un peu trop oublié pour garder sa tête. Sans souvenir, on n’est qu’une feuille dont on a tout effacé, avec quelques froissures d’avant. Pas moyen de savoir si c’était une Bible ou un ticket de bus, Jenny c’est une carcasse fade et mutilée.
Il a bien fallu les combler, les vides, gribouiller une histoire sur la page toute blanche. Jenny a dilapidé sa nouvelle fortune dans des cocktails à l’eau de rose, elle aime beaucoup les souvenirs des filles faciles, ça va bien pour lutter contre la feuille toute vierge, elle trouve. Comprenez Jenny, c’est plein de rebondissements et elle évite les MST. Et puis ça fait tout doux dans les entrailles après la bile noire qu’elle a dû cracher. On dit que ça a pris plusieurs jours pour tout lui extraire, beaucoup de tapes dans le dos et elle en a encore des bleus.
Pour combler les fins de mois un peu difficiles, Jenny a postulé à L’Hippocampe, et plutôt que des claques elle n’essuie que les tables sales et les mots sales quand les bières arrivent tout lentement.
Vous n’avez rien de plus fort ? Un scotch atrabile des Coups ? Jenny propose avec la bouteille et les souvenirs d’elle tapis au fond – et comment elle saurait qu’elle vend la Jenny d’avant ? Oh non, on ne voudrait pas non plus s’arracher la gorge, non non une bête histoire d’amour mais avec une fille bien sensible, ça suffira on croit. Combien d’âge ? Disons trois, trois ans. Trois ans de relation c’est douloureux, et en même temps c’est pas trop. On veut que ça dure la nuit, mais demain on travaille. Ça devrait aller, trois. Vous prendrez l’option complète ? Celle avec tous les moments de sourire ? Pur, on a dit.
La porte de L’Hippocampe claque beaucoup en automne, c’est un défilé de visages terreux qui se traînent jusqu’à l’alambic. On blâme les feuilles qui meurent un peu trop brutalement sur le sol : elles font penser. Penser c’est mal, ou en tout cas ça fait mal, alors on se purge à l’alambic. Aujourd’hui, un clochard dort dans le fauteuil à distillation. Les souvenirs s’échappent comme les rides, il a un visage tout souple, tout doux, tout bambin ; il va y gagner un ticket pour une nouvelle vie à voir la quantité de souvenirs agglutinée dans la boule de verre. Une dernière brume va rejoindre le concentré pétrole : la couleur de la rue, des moisissures sous les ponts et des mauvaises rencontres la nuit. Des souvenirs qui valent cher. Le clochard drainé du passé vacille un peu, son visage hésite entre un éventail d’émotions. Il opte pour un air vide, une expression à la profondeur d’une flaque.
Jenny, elle, elle achèterait des choses jolies, elle pense, parce qu’elle a oublié qu’elle en a déjà acheté. Elle se demande pourquoi les « souvenirs tristes », comme elle dit, ont autant de succès. On lui a déjà expliqué plusieurs fois mais elle a oublié – à force d’ingérer des souvenirs à outrance, sa mémoire a faibli.
Je peux répondre, j’en consomme. Je mets tout mon argent dans des tristesses. Il y a quelque chose d’anesthésiant dans les grands drames. Le bourdonnement d’après assourdit tout le reste ; il engourdit le bout des doigts, émousse les angles qui rentraient dans les côtes jusqu’au cœur. Après quelques jours tout se tait. Moment de répit avant le Big Bang. Les émotions, les blessures, les armes dans les entailles s’agglutinent en un noyau tout compact. Quand il explose, il fait des traces sur les pages blanches et les toiles vierges. C’est la deuxième phase de l’anesthésiant – le poids enfin retiré des épaules, on respire.
Moi c’est pas pour l’anesthésie, c’est d’ennui que je bois, et pour les éclaboussures qui dessinent des histoires sur les feuilles immaculées, quand l’inspiration déserte. Les larmes c’est pas cher payé pour créer des jolies choses. Et puis il faut bien passer le temps. Construire toute la vie comme une tour de Kapla et envoyer un bon coup de pied dedans, recommencer ensuite. En recycler les débris pour bâtir des obstacles à surmonter.
C’est difficile de comprendre pourquoi d’autres jouissent de voir tout s’écrouler quand on lutte pour tenir l’équilibre. Il faudrait le voir. Racontons à Jenny ce que c’est de se traîner dans la platitude jour après jour.
Regarde un peu cette femme seule à la table, Jenny. Elle a fait une tourelle de ses affaires et elle a les pieds plantés dans le sol. Elle occupe tout l’espace autour et se donne un air confiant. Regarde comme elle est penchée amoureusement sur sa feuille, elle en oublie de chasser les boucles noires qui font des balancements poisseux devant ses yeux. Sa main s’agite frénétiquement à la surface de l’acajou, tu croirais un écrivain à l’apogée de la passion. Le poing s’écarte pour laisser voir un billet de bingo. Les yeux de la femme se plantent obstinément dans le néant, ils disent je suis perdue aidez-moi, j’ai les pieds dans le sol mais je ne tiens plus debout. Cet instant-là, où la femme se livre pleinement à la déception des petits chiffres, est le moment fort de la journée. S’acheter un nouveau billet perdant, boire le même jus d’orange, toujours celui qui n’a pas la conviction d’être acide sur la langue – c’est s’assurer un frisson nycthéméral.
Tu penses qu’on y va un peu dur, que la femme est là pour échapper à quelque chose d’autre, c’est évident. Battue, peut-être. Regarde-la qui se dirige vers toi, Jenny, et qui demande un peu de l’atrabile avec un doigt fantôme vers la bouteille. Jenny essaie d’influencer la femme en lui envoyant plutôt les effluves carmin d’une boisson bouillante sur le visage. La femme est transpercée par un sourire, puis s’emporte. Vous êtes même pas capable de faire votre boulot, elle hurle en se roulant par terre. Je demande une chose, une seule, debout le poing sur le bar, c’est un shot triste. Je peux vous payer, vous savez !, le billet de bingo brandi. Je suis pas une de ces alcoolos qui s’endettent en souvenirs purs. Je m’en fous de votre truc rouge dégueu, visage sale enfoui dans les mains, j’ai testé le bonheur, c’est jamais de la bonne.
C’est sec et amer dans la bouche de Jenny : une glaire de souvenir s’échappe parfois d’entre les dents où elle était prisonnière. Jenny la sent sur sa langue, avant de comprendre ce que c’est, sa main vole – doux cocon de l’enfance où Jenny se réfugie. La femme caresse ébahie la marque rouge sur sa joue. Elle a des pépites dans les yeux, elle voudrait les offrir à Jenny pour dire merci. Merci d’avoir ajouté la vie à ma journée, de me faire sentir quelque chose qui tiraille. Jenny se trouve méchante, elle boit un peu du liquide rouge ignoble qui fait tout chaud à l’intérieur. C’est un souvenir de la nuit au goût de fer.
Jenny ne le partagera pas avec vous. Appelez-la avare, Jenny garde pour elle les soleils dans sa poitrine. Elle vous cèdera chichement les sourires comme des comètes glacées.
Jenny est une chaudasse des sentiments. Elle n’avale que des souvenirs brûlants, elle s’engourdit à suer un bonheur qui pue. Elle a l’habitude de la sensation de chocolat chaud après la steppe enneigée. Là c’est différent. Sa peau garde comme des brûlures de cigarette, traces du souvenir métallique.
Sachez simplement qu’il ne s’agit pas de sexe. Ca n’aurait pas ébranlé Jenny. Elle ne vous dira pas que c’était dans les yeux de l’homme, dans les mots qui roulaient sur le bord des lèvres en ronronnant, elle préfère garder tout ça pour elle. Peur qu’on en rie. Qu’on éteigne le soleil. Qu’on lui montre toutes les étoiles à côté plus grandes et plus brillantes. Les tristesses garantissent les caresses désolées des autres, les moments de soleil des marques rouges dont tout le monde se fout.
La femme au billet de bingo ricane amer à la face de Jenny. T’as l’air un peu conne, à fixer le vide. Jenny n’ose pas lui balancer son bonheur à la gueule par bonne éducation et pour les raisons d’avant.
Je le ferai à sa place. Elle ne m’en voudra pas, ne vous inquiétez pas. J’ai demandé à Jenny de bien vouloir vous offrir son histoire, elle s’est précipitée vers l’alambic pour l’extraire d’elle, elle est comme ça, elle a le cœur sur la main – et sûrement le cerveau dans l’autre. Gentille mais quand même pas un génie, qu’on se le dise.
Le bonheur de Jenny c’est un silence. Dans la voiture le dossier rigide contre le dos, on cherche le confort ailleurs. C’est l’heure qui chevauche le jour et la nuit. Les fils à papa trottinent chez eux et sur le trottoir les filles de personne sortent. A cette heure-là sur la ville le silence embrasse tout le monde, et la lumière embrase les ombres, le silence tisse sa toile autour des incompatibles. Jenny étreint du regard les chiens qui traînent des humains derrière. On croirait des loups.
La voiture s’arrête, le soleil est planqué.
La peau se dresse pour fuir les os. Jenny se ratatine autour des frissons. Elle a pas vraiment froid mais elle rabat son pashmina sur la poitrine. Alors la tempe appuyée contre le verre glacé, elle observe.
L’hiver donne des éclats bleutés à l’atmosphère. C’est comme si un voile d’eau recouvrait tout ce qu’on voit. Le soleil a un or tout frais. L’homme au milieu, au milieu du froid, du gris du noir du bleu, avec sa chemise bleue ses cheveux noirs la peau grise, il a rallumé le soleil.
Le fleuve des voitures s’atténue sur la route transversale. On va pouvoir redémarrer. L’homme tourne la tête à gauche avant de s’engager.
Voici le bonheur que Jenny a volé à une inconnue. C’est d’être assise dans un habitacle tout froid par un jour bleu, et de se réchauffer de la nuque tordue d’à côté. C’est la main qui glisse autour du volant, liquide. Le cuivré sur les cheveux. Noirs. C’est un homme qui n’a pas besoin de la regarder pour qu’elle soit à sa place.
C’est le silence. Se blottir dans le silence. Y construire des chaleurs couleur sang pour lutter contre le bleu ambiant.
C’est de la ferraille muette.
Pourquoi cet instant a-t-il été si important ? Hé bien toute sa vie Jenny s’était tue. Jenny était une mélodie mièvre qui ne s’intégrait pas – ou trop mal – à la symphonie universelle. Jenny a passé des heures de son enfance à se parler dans son reflet. Dans le miroir, le dos de sa petite cuillère, le piano tout brillant. Je vous raconte les torrents qu’ont versés les yeux de Jenny, on verra pourquoi le silence y flotte.
Jenny avait la voix des oiseaux et plus rien. Rouge-gorge aphone n’est plus qu’une mare rouge dans les yeux. Taciturne. Jenny a pris le silence en confort, les larmes en boules Quiès, elle a tâtonné et s’est ramassé quelques murs. Jenny ferme sa gueule pour une fois, dit Papa. Papa pense Jenny débile. Mais dis quelque chose putain, donne un signe de vie. Jenny boîte à meuh – si on te secoue par les épaules tu feras du bruit ? Jenny, et les claques ? Les claques qui ne font plus de son sur ta peau. Jenny a mis le silence entre les autres et elle, un petit cocon qui amortit la merde. Et des petites mains, des petits poings qui s’attaquent au cocon, et les larmes qui rembourrent le cocon de l’intérieur, et Jenny qui se noie, se noie à cause du cocon. La nuque brisée vers le haut pour un peu d’oxygène.
Alors, Jenny aime le silence qui sauve. C’est comme si on perçait son cocon, que le liquide s’échappait, elle se retrouve comme prévu dans le moelleux. Elle a un peu moins le sentiment d’avoir les mains écorchées de creuser sa propre tombe.
Il paraît que si le matin on tend l’oreille, Jenny chante. Je n’y crois pas. Qu’on blâme les comptines sur le printemps. Pour Jenny c’est encore la nuit.
La nuit métallique a donné des idées à Jenny. Elle comprend plus vraiment pourquoi elle devrait droguer d’autres femmes-Bingo quand il y a un homme qui se tait quelque part. Il faut retrouver la nuque tordue à gauche.
Jenny ne connaît pas le nom de l’homme. Elle pourrait le trouver dans le fond de la bouteille au liquide rouge mais elle peut pas savoir que ce souvenir s’est ancré artificiellement. Elle ignore qu’il y a cinq minutes elle n’avait aucune idée des jours bleus. Quand on avale un souvenir cul-sec, il fait comme du lichen sur un arbre, il vient se fixer dans l’hippocampe, et puis c’est comme s’il avait toujours fait partie de l’écorce. On oublie qu’on a fait en sorte de se souvenir. C’est dangereux, et ça Jenny le sait, parce qu’elle a vu les faces émiettées revenir chaque soir, à l’Hippocampe, demander la même liqueur du passé. Ils comprenaient pas pourquoi ils reconnaissaient les seins de Jenny, ils leur souriaient comme à un ami écarté par les années.
Pour le retrouver elle a rassemblé les quelques bribes de lui qu’elle avait sur des affiches, ça donne recherche homme du jour bleu, se tait, du cuivre dans les cheveux.
Et son numéro après.
Elle les a placardées partout, dans la ville, sur les poubelles, par-dessus les saletés des murs et au-devant des épiceries. Placardées sur les voitures — vitre gauche, pour la nuque tordue vers la gauche.
Jenny reçoit beaucoup d’appels, de messages, un répondeur débordant d’hommes qui se taisent pendant trois minutes, certains proposant grassement des pilules bleues faute de jours. Dès qu’elle quitte l’Hippocampe elle arpente le bitume, à l’affût des nuques, grimace à chaque regard posé sur elle. Quelque part elle se dit bien que l’homme qui se tait ne répondrait pas à une affiche. Il est ancré ailleurs, au-delà des feuilles sur les bornes d’incendie, détrempées par l’urine des chiens errants. Il faut procéder autrement.
Jenny commence par retrouver l’heure – celle qui réunit tout, l’heure de la ferraille muette. Elle déambule sur les trottoirs, ondule entre les visages, scrute les nuques. Traverse la route autant qu’elle peut, elle dévisage les conducteurs, mais y a jamais le cuivre dans les cheveux. Et puis bientôt l’heure s’achève et il faut rentrer. Jenny recommence le manège chaque jour, toujours au même endroit, excitée d’être plus frigorifiée à chaque fois – c’est le retour des jours bleus ! Il y a des craquelures sur ses lèvres à cause du froid, ça déverse un peu de sang sur la langue, et ça laisse comme un goût de fer.
Jenny n’a pas su me dire combien de jours elle a erré dans l’heure. Et puis un soir, le cœur exsangue et les doigts aussi, elle s’est appuyée contre un mur. Un bout de papier délavé s’est décroché des briques pour agresser sa joue. Dessus, au milieu de l’encre délavée, on lisait jour bleu. Ça aurait pu être un signe si elle en avait pas tapissé le quartier. Pourtant il s’est passé quelque chose dans le cœur ankylosé. Elle sait avant de lever la tête qu’elle a trouvé.
Debout devant le passage piéton, les cheveux ont troqué le cuivre contre un peu d’argent. La nuque est tordue, vers la gauche, c’est la nuque, c’est la Nuque et elle a les reflets bleus.
Alors, Jenny devrait peut-être lui sauter dessus, lui hurler de répondre aux affiches où elle l’appelle. Mais elle a ce masochisme soudain d’attendre, comme quand on a patienté des mois pour une lettre, et lorsqu’elle nous parvient, on l’abandonne fermée sur le bureau pour la journée, trop fiers pour déchirer l’enveloppe, se convainquant que finalement on n’y accordait pas tant d’importance. On se met subitement à laver la vaisselle qui s’entasse depuis une semaine dans l’évier, on se débarrasse des chaussettes orphelines, des billets de cinéma conservés on ne sait pourquoi. Et quand enfin il n’y a plus rien à faire, plus que la lettre, on se décide à l’ouvrir, lentement, et alors, on la lit d’une traite avant de se rendre compte qu’on a rien compris. Il faut recommencer, insulte suprême à la comédie des dernières heures, trahison des yeux qui ne tiennent pas assez en place pour déchiffrer les lignes.
Jenny ne parle pas à l’homme qui se tait. Elle se dit plutôt qu’elle aimerait être sûre, enfin, de ce qu’il regarde, à gauche. Elle sent que c’est lui extorquer quelque chose qu’il aurait préféré cacher, qu’elle aurait meilleur temps d’ignorer. Mais, de l’air excité et honteux de celle qui s’apprête à violer la pièce interdite de Barbe Bleue, la lumière du défi dans le regard, fière d’avoir osé la trahison – elle s’avance et se tord la nuque à gauche.
Les yeux muets sont posés sur le sourire d’une femme, un grand sourire sans bruit qui n’est pas à Jenny.
Le soleil n’appartient pas à Jenny. Le bonheur fait son éclipse.
Jenny est partie en courant, elle a rejoint l’Hippocampe et elle respire plus bien. Elle a saisi le rebord de ma table pour reprendre son souffle. Elle a fait déraper mon stylo sur la feuille vierge. Désolée, vraiment, désolée. Je suis la barmaid, je peux vous offrir quelque chose, pardon, vraiment. Mes mots ne paient pas. J’ai pas assez pour boire un bout d’histoire décent. Les liqueurs sont toujours plus chères. Je suis en panne, je lui ai dit. J’aimerais que tu m’aides. Dis-moi ce qui te rend heureuse.
Jenny s’est servi un verre d’eau, et elle m’a raconté le jour bleu. Quelque part dans le bar, une femme a crié. Elle avait gagné deux francs au bingo.
Papier de décembre 2014 – mars 2015